L’année prochaine, de nombreuses familles à Madagascar devraient bénéficier d’un espacement des naissances, grâce à une augmentation significative de l’utilisation des méthodes de contraception. Dans un contexte où les femmes prennent de plus en plus conscience de leur santé reproductive, les centres de santé de base (CSB) voient affluer des mères désireuses de planifier leur avenir familial.
Une demande croissante pour les services de contraception
Dans la périphérie d’Antananarivo, un vendredi de novembre, des femmes se pressent devant le bureau des sages-femmes d’un CSB. Parmi elles, Oméga, une jeune mère de 18 ans, partage son histoire : « Je suis tombée enceinte de mon fils alors que je me préparais à passer le baccalauréat. Je me suis lancée un défi : lorsque mon bébé sera né, je reprendrai mes études. Il faut que j’évite de retomber enceinte, si je veux atteindre cet objectif. » Son témoignage illustre le désir croissant des femmes de contrôler leur fertilité pour mieux planifier leur avenir.
Les professionnels de santé constatent également un intérêt accru pour le planning familial. Une sage-femme d’un CSB déclare : « Nos produits ne sont plus suffisants. Ils sont épuisés une semaine avant de passer la prochaine commande, qui s’effectue tous les trois mois. » Ce constat témoigne d’une demande qui dépasse l’offre, un signe clair que les mentalités évoluent.
Des résultats attendus pour 2024
Selon une source au ministère de la Santé publique, les objectifs fixés pour l’année 2024 ont déjà été atteints depuis octobre. « Des résultats devraient être observés dès l’année prochaine, notamment l’espacement des naissances au niveau des ménages », précise cette source. Pour de nombreuses mères, comme Tianasoa, mère de deux enfants, le choix de la contraception a des répercussions positives sur leur santé et celle de leurs enfants : « Cela m’a permis d’améliorer ma santé et celle de mes enfants, mais surtout de planifier les ressources au sein de mon foyer. »
Sensibilisation et défis à relever
Le gouvernement malgache vise à atteindre 5,1 millions d’utilisateurs réguliers de la planification familiale d’ici 2028. Cependant, cet objectif ambitieux est confronté à plusieurs défis. L’accès limité aux services, les ruptures récurrentes des intrants dans les CSB, ainsi que les craintes liées aux effets secondaires, constituent des obstacles majeurs. De plus, les barrières culturelles et religieuses persistent, freinant l’adoption de méthodes contraceptives.
Un aspect crucial à prendre en compte est la sensibilisation des hommes. Beaucoup d’entre eux restent réticents à l’idée que leur partenaire utilise des méthodes contraceptives. Une mère de famille témoigne : « Si mon mari me voit ici, il va me taper. Il refuse que j’utilise un moyen de contraception, car il est persuadé que cela diminue la libido. » Ce type de situation souligne l’importance d’inclure les hommes dans les campagnes de sensibilisation sur la santé reproductive.
Vers une meilleure disponibilité des intrants
Concernant la disponibilité des moyens de contraception, le ministère de la Santé publique s’engage à garantir un approvisionnement régulier dans les centres de santé. « Cela passe par le renforcement de la lutte contre la vente illicite des intrants qui devraient être gratuits dans les hôpitaux publics », souligne une source au ministère. Cette initiative vise à assurer que toutes les femmes, indépendamment de leur situation socio-économique, puissent accéder aux services de santé reproductive.
Conclusion
L’augmentation de l’utilisation des méthodes de contraception à Madagascar est un signe encourageant d’autonomisation des femmes et de changement des mentalités. Bien que des défis subsistent, les efforts du gouvernement et des professionnels de santé pour améliorer l’accès aux services de planning familial sont essentiels pour garantir un avenir où chaque femme peut choisir librement le moment de fonder une famille. La route est encore longue, mais les premiers pas vers une meilleure santé reproductive et un espacement des naissances sont déjà en cours.
