Les opérateurs de mobile money à Madagascar, à savoir Airtel Money, Mvola et Orange Money, expriment leur inquiétude face à un projet de loi du gouvernement qui vise à introduire une taxe indirecte sur les transactions mobiles. Cette taxe, dénommée taxe sur les transactions mobiles (TTM), pourrait avoir des conséquences désastreuses pour l’inclusion financière dans le pays, selon les trois opérateurs.
Une Taxe qui Pèse Lourd sur les Utilisateurs
Le projet de loi de finances pour 2025 prévoit l’application d’une taxe de 0,5% sur les transactions mobiles dépassant 150 000 ariary. Dans un communiqué conjoint, Airtel Money, Mvola et Orange Money soulignent que cette mesure pourrait constituer un fardeau pour les 23 millions de Malgaches utilisant leurs services. Ils mettent en garde contre une possible augmentation des frais de transaction, qui pourraient grimper jusqu’à dix fois pour certains paiements. Cette situation pourrait réduire le pouvoir d’achat des ménages et affecter les revenus des 164 000 agents de distribution impliqués dans le secteur.
Les opérateurs alertent également sur les conséquences économiques plus larges, telles que le retour à l’utilisation de l’argent liquide, le ralentissement de la digitalisation, la montée de l’économie informelle et le découragement des investissements. En somme, ils craignent que cette taxe ne freine l’essor du mobile money, un outil crucial pour l’inclusion financière à Madagascar.
La Réponse du Gouvernement : Une Taxe Symbolique ?
Rindra Rabarinirinarison, ministre de l’Économie et des Finances, a tenté de rassurer en affirmant que l’introduction de la TTM ne devrait pas nuire à l’inclusion financière. Selon elle, un taux de 0,5% est symbolique et ne devrait pas avoir d’impact significatif sur les utilisateurs. Elle a précisé que des taux beaucoup plus élevés, comme 20%, auraient effectivement des conséquences lourdes.
Le gouvernement espère récolter 143 milliards d’ariary grâce à cette nouvelle mesure fiscale, mais les opérateurs restent sceptiques quant à la réalisation de ces prévisions.
Des Recettes Fiscales en Desserte ?
Les opérateurs de mobile money estiment que les recettes fiscales générées par cette taxe seront bien inférieures aux attentes. Ils prévoient que les revenus ne dépasseront pas les 50 milliards d’ariary. En se basant sur des expériences d’autres pays africains, ils soulignent que l’instauration de telles taxes a souvent entraîné une baisse du nombre d’utilisateurs et de la valeur des transactions.
Pour les opérateurs, il est crucial que l’État malgache soutienne le secteur du mobile money pour en accélérer l’adoption. Ils affirment qu’un développement libre et sans entrave du secteur pourrait générer plus de 50 milliards d’ariary de recettes fiscales additionnelles.
Un Outil Essentiel pour l’Inclusion Financière
Le mobile money est devenu un outil de paiement incontournable pour de nombreux foyers malgaches. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2021, 211 millions de transactions ont été enregistrées pour une valeur de 24 786 milliards d’ariary. Ce chiffre a continué d’augmenter, atteignant 342 millions de transactions en 2023, avec une valeur totale de 38 161 milliards d’ariary.
Cette croissance témoigne de l’importance croissante du mobile money dans la vie quotidienne des Malgaches, et souligne le besoin d’un environnement fiscal favorable pour soutenir son développement.
Conclusion : Un Équilibre à Trouver
La tension entre les opérateurs de mobile money et le gouvernement malgache met en lumière un enjeu crucial : l’équilibre entre la nécessité de générer des recettes fiscales et l’importance de favoriser l’inclusion financière. Alors que le pays cherche à moderniser son économie, il est essentiel de trouver des solutions qui soutiennent à la fois le développement du secteur du mobile money et les besoins des utilisateurs finaux. La suite des événements sera déterminante pour l’avenir de l’inclusion financière à Madagascar.
