Le Projet « Lac Iarivo » : Entre Ambition et Inquiétudes
L’annonce du projet « Lac Iarivo », un parc de loisirs d’envergure prévu à Ivato, a été faite par le président Andry Rajoelina lors de son discours de nouvel an. Ce projet s’inscrit dans le cadre des préparatifs de la Grande Île pour accueillir le sommet de la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe) en août 2025. Bien que cette initiative ait été adoptée par le conseil des ministres sous le couvert d’une mesure exceptionnelle, elle soulève de nombreuses questions quant à sa viabilité et son financement.
Un Projet Non Inscrit dans les Lois de Finances
L’un des points les plus préoccupants concernant le projet « Lac Iarivo » est son absence dans la loi de Finances rectificative de 2024 et dans la loi de Finances initiale de 2025. Ces documents, qui définissent les priorités budgétaires de l’État, prévoient une réduction significative des budgets alloués aux projets présidentiels. Cette situation soulève des doutes sur la légitimité et la planification de ce projet, qui semble davantage être une réponse à des impératifs politiques qu’une initiative réfléchie et durable.
Les Inquiétudes du Collectif des Citoyens et des Organisations Citoyennes
Le Collectif des citoyens et des organisations citoyennes (CCOC) Madagascar, une plateforme regroupant diverses organisations de la société civile, a exprimé des préoccupations quant à la gestion des fonds publics. Selon le CCOC, les initiatives récentes de l’État semblent davantage axées sur la visibilité que sur une amélioration durable de la vie quotidienne des citoyens. Cette observation soulève des questions sur l’utilisation des ressources publiques et leur impact réel sur la population.
Le CCOC souligne qu’il est possible de mobiliser rapidement des fonds pour des infrastructures destinées à des événements, mais il n’y a pas de raison valable pour ne pas investir dans des secteurs-clés de plus en plus fragiles. Cette incohérence dans la gestion des priorités budgétaires interpelle et appelle à une réflexion plus profonde sur les véritables besoins de la population.
Appel à la Transparence et à la Justification
Face à l’urgence exprimée par la présidence concernant la réalisation du Lac Iarivo, le CCOC appelle à une plus grande transparence. L’organisation exige la publication des détails financiers liés au projet, y compris les coûts, les appels d’offres et les sources de financement. De plus, elle insiste sur la nécessité d’une justification claire de l’urgence de ce projet, en mettant l’accent sur son impact tangible et équitable sur la population ainsi que sur le développement durable.
Le rôle du Parlement est également souligné, car il doit veiller à ce que les justifications avancées soient fondées et vérifiables. Une telle surveillance est essentielle pour garantir que les projets d’infrastructure répondent réellement aux besoins des citoyens et ne soient pas simplement des outils de communication politique.
Vers une Planification Inclusive et Budgétisée
Le CCOC réitère l’importance d’une planification inclusive et budgétisée dans la mise en œuvre des projets d’infrastructure. L’organisation plaide pour l’établissement d’indicateurs clairs et pertinents afin d’évaluer les dépenses publiques et leur efficacité. Bien que le gouvernement ait initié une démarche de rationalisation des projets d’investissement public (PIP) en fonction de leur opportunité et de leurs impacts, le CCOC insiste sur la nécessité que cette démarche soit rigoureuse et respectée à tous les niveaux.
Conclusion : Un Avenir à Construire
Le projet « Lac Iarivo » représente une ambition significative pour Madagascar, mais il est crucial que cette initiative soit accompagnée d’une transparence et d’une rigueur budgétaire. Les préoccupations soulevées par le CCOC doivent être prises en compte pour garantir que les fonds publics soient utilisés de manière bénéfique pour la population. En fin de compte, le succès de ce projet dépendra de sa capacité à répondre aux véritables besoins des citoyens et à contribuer à un développement durable et inclusif.