Nommée il y a un peu plus d’un mois, Juliette Méadel, ancienne socialiste, est la sixième ministre à occuper le portefeuille de la Ville depuis le début du premier quinquennat d’Emmanuel Macron. Son arrivée a été très attendue par les élus de banlieue, qui avaient été privés d’un ministère dédié dans le précédent gouvernement. Dans un contexte où les défis sociaux et économiques sont pressants, la ministre se fixe des objectifs ambitieux pour revitaliser les quartiers populaires.
Un Contexte Difficile
Depuis le dernier Comité interministériel des villes (CIV) organisé en octobre 2023, où l’ex-Première ministre Élisabeth Borne avait annoncé des mesures en faveur de la mixité sociale, peu d’initiatives significatives ont été mises en œuvre. Un rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) a même souligné que les émeutes de l’été 2023, déclenchées par la mort tragique du jeune Nahel, n’avaient pas conduit à des réformes structurelles. Ce constat alarmant met en lumière l’urgence d’une action gouvernementale efficace.
« Gouverner, c’est choisir »
Juliette Méadel reconnaît que de nombreux sujets nécessitent une attention immédiate. Elle a exprimé sa volonté de réunir un nouveau comité avant la fin mars, sous l’égide du Premier ministre, pour évaluer les mesures du dernier CIV. « Gouverner, c’est choisir », affirme-t-elle, soulignant la nécessité de se concentrer sur des actions concrètes plutôt que de multiplier les initiatives sans impact.
Dès son arrivée, la ministre a dû faire face à un manque de budget. Elle a donc décidé de se concentrer sur la « gestion urbaine de proximité », visant à améliorer le cadre de vie des habitants des 1.580 quartiers « prioritaires de la politique de la ville » (QPV). Un des axes principaux de son action sera de s’attaquer aux manquements de certains bailleurs sociaux, qui, malgré des exonérations fiscales de 315 millions d’euros par an, ne remplissent pas leurs obligations d’entretien des logements.
Améliorer la Santé Mentale des Jeunes
L’un des objectifs prioritaires de Juliette Méadel est d’améliorer la santé mentale des enfants et des adolescents. En s’appuyant sur les cités éducatives, un dispositif issu du rapport Borloo de 2018, elle souhaite renforcer l’accompagnement socio-éducatif des jeunes de zéro à 25 ans. La ministre insiste sur l’importance de repérer les troubles psychiques dès l’école et d’offrir un accès rapide à des soins adaptés, tels que ceux fournis par des infirmières de pratique avancée ou des psychologues.
Renforcer la Place des Femmes
Un autre axe majeur de sa politique est le renforcement de la place des femmes dans les quartiers populaires, notamment sur le plan économique. Juliette Méadel souhaite accompagner les femmes dans la création d’activités commerciales ou artisanales, en facilitant l’accès à des microcrédits. Elle reconnaît également la nécessité d’améliorer le service public de la petite enfance pour soutenir les femmes seules avec enfants, un enjeu crucial pour l’autonomisation économique.
Un Électrochoc Économique
Enfin, la ministre appelle à un « électrochoc économique » dans les quartiers. Son objectif est de favoriser la création d’activités commerciales et artisanales pour établir une véritable classe moyenne et sortir ces zones de la spirale de pauvreté. Elle prône le développement du commerce de proximité, qui, selon elle, est l’avenir du secteur. À l’approche de l’anniversaire des émeutes de 2005, elle souligne l’importance de maintenir une politique de la ville cohérente et continue, évitant ainsi les effets de « stop-and-go ».
Conclusion
Juliette Méadel se trouve à un tournant décisif pour les banlieues françaises. Avec des priorités claires et une volonté de changement, elle espère redonner espoir aux habitants des quartiers populaires. Son approche, centrée sur l’amélioration des conditions de vie, la santé mentale des jeunes et l’autonomisation des femmes, pourrait bien marquer le début d’une nouvelle ère pour ces territoires souvent laissés pour compte. Les mois à venir seront cruciaux pour évaluer l’impact de ses initiatives et la capacité du gouvernement à répondre aux attentes des citoyens.