Le siège de la Friedrich-Ebert-Stiftung (FES) à Ankadifotsy, Antananarivo, fermera ses portes en août prochain, une décision qui a été officialisée par un communiqué de presse publié récemment. Cette annonce, qui a suscité de vives réactions, marque la fin d’une ère pour cette fondation, qui a joué un rôle crucial dans le développement politique et social de Madagascar depuis 1964.
Une décision difficile
La fermeture de la FES Madagascar a été décidée par le Conseil d’administration de la fondation, basé à Berlin. Ce dernier a justifié cette mesure par une « situation financière délicate » résultant d’une baisse continue du financement public. La FES, fondée en 1925 et associée au Parti social-démocrate allemand (SPD), a toujours œuvré pour promouvoir les valeurs de liberté, de justice et de solidarité. Cependant, la conjoncture actuelle semble avoir contraint la fondation à réduire ses activités à l’échelle mondiale, affectant ainsi neuf de ses bureaux, dont celui de Madagascar.
Un impact sur la société civile
La FES Madagascar a été un acteur clé dans le renforcement de la société civile et de la démocratie à Madagascar. Ses actions se sont principalement concentrées sur le leadership des jeunes, la gouvernance politique et la transformation socio-écologique. Le programme phare de la fondation, le Youth Leadership Training Program (YLTP), a permis à de nombreux jeunes leaders de se former et d’accéder à des postes de responsabilité dans les institutions publiques et privées.
La fermeture de la FES ne signifie pas seulement la fin d’une institution, mais aussi la perte d’un espace de dialogue et de formation pour les acteurs politiques et sociaux. Les anciens bénéficiaires des programmes de la fondation ont exprimé leur regret sur les réseaux sociaux, soulignant l’importance de ces initiatives pour leur développement personnel et professionnel.
Les fondations politiques allemandes : un modèle unique
Les fondations politiques, comme la FES, sont une spécificité allemande. Elles jouent un rôle essentiel dans la promotion du pluralisme politique et le développement de la démocratie, tant en Allemagne qu’à l’étranger. Ces entités sont considérées comme des acteurs de la politique étrangère allemande, facilitant le dialogue avec des acteurs sociétaux qui échappent aux canaux diplomatiques traditionnels.
Cependant, la FES, comme d’autres fondations, est confrontée à un réajustement des priorités politiques allemandes. Le financement public, qui a toujours été un pilier de son fonctionnement, semble désormais menacé, ce qui a conduit à la décision de fermer plusieurs bureaux à travers le monde.
L’avenir incertain
Le communiqué de presse de la FES Madagascar indique que les activités de la fondation se poursuivront jusqu’en juin, permettant ainsi un transfert des lignes de travail aux organisations partenaires. Cependant, l’avenir de la fondation et de ses initiatives à Madagascar reste incertain. La situation financière délicate ne semble pas prête à s’améliorer, et les conséquences de cette fermeture pourraient être ressenties pendant de nombreuses années.
La FES Madagascar a été un pilier pour la démocratie et la société civile dans le pays. Sa fermeture soulève des questions sur l’avenir de l’engagement politique et social à Madagascar, ainsi que sur la capacité des jeunes leaders à continuer à faire entendre leur voix sans le soutien de cette institution.
Conclusion
La fermeture de la FES Madagascar est un événement marquant qui met en lumière les défis auxquels sont confrontées les fondations politiques dans un contexte de financement public en déclin. Alors que la fondation a joué un rôle crucial dans le développement de la démocratie et de la société civile à Madagascar, son départ laisse un vide qui sera difficile à combler. Les acteurs politiques, sociaux et économiques du pays devront redoubler d’efforts pour maintenir les valeurs de liberté, de justice et de solidarité qui ont été au cœur de l’action de la FES pendant près de six décennies.