Face à l’accélération des évolutions technologiques mondiales, Madagascar se trouve à un carrefour crucial. Le pays doit surmonter son retard numérique pour saisir les opportunités offertes par cette transformation. Alors que le monde se dirige vers une révolution technologique sans précédent, Madagascar doit impérativement s’adapter pour ne pas rester à la traîne.
Une révolution déstabilisante
Selon le Rapport d’avenir des emplois 2025 du Forum économique mondial (WEF), d’ici 2030, cent soixante-dix millions de nouveaux emplois devraient voir le jour, tandis que quatre-vingt-douze millions seront supprimés. Cela représente une augmentation nette de soixante-dix-huit millions d’emplois, soit une hausse de 7 %. Cette transformation est portée par trois grandes dynamiques technologiques : l’élargissement de l’accès numérique, les avancées en intelligence artificielle (IA) et en traitement de l’information, ainsi que le développement des systèmes robotiques et autonomes.
Cependant, Madagascar reste en retrait. Classé 168e en matière d’e-gouvernement avec un score de 0,3235, le pays peine à s’intégrer pleinement au réseau numérique mondial. Ses infrastructures en technologies de l’information et de la communication (TIC) demeurent bien en deçà de celles de ses voisins africains, ce qui constitue un frein à son développement.
Une stratégie de rattrapage
Pour rattraper ce retard, le ministre du Développement numérique, des Postes et des Télécommunications, Stéphanie Delmottea déclaré que Madagascar mise sur le renforcement de la coopération internationale et l’amélioration de la gouvernance électronique. Le gouvernement vise à ce que le secteur numérique représente 6 % du PIB en 2028, contre seulement 1,5 % en 2019. Dans ce cadre, un mémorandum d’entente a été signé avec la Tunisie le 13 janvier 2025 pour intensifier la coopération dans les TIC et l’économie numérique. Des discussions avec des partenaires stratégiques comme les États-Unis, la Chine, la Corée du Sud, l’Inde et la France sont également en cours.
Un réveil nécessaire
Pour tirer parti de cette révolution tout en limitant ses effets destructeurs, Madagascar doit investir massivement dans la formation de sa main-d’œuvre et le développement de l’innovation. L’appui de partenaires internationaux peut accélérer cette transition, mais il est essentiel de traduire ces collaborations en initiatives concrètes. Encourager l’entrepreneuriat et stimuler les industries numériques émergentes seront des étapes cruciales pour moderniser l’économie et créer de nouveaux emplois.
Cependant, cette transformation s’accompagne de défis de taille. Selon le rapport du WEF, près de 60 % de la main-d’œuvre mondiale devra être formée ou réorientée d’ici 2030. Comme l’a souligné Akinwumi Adesinaprésident de la Banque africaine de développement (BAD), « les emplois de demain nécessitent les compétences de demain ». Les avancées en IA et en traitement de l’information devraient générer onze millions de nouveaux emplois, mais en supprimer neuf millions. Quant aux systèmes robotiques et autonomes, bien qu’ils améliorent la productivité, ils pourraient causer une suppression nette de cinq millions d’emplois, notamment dans les secteurs de l’industrie et de la logistique.
Conclusion
Madagascar se trouve à un tournant décisif. Pour ne pas rater le train de la transformation numérique, le pays doit s’engager résolument dans une stratégie de rattrapage. Cela implique non seulement des investissements dans les infrastructures et la formation, mais aussi une volonté politique forte de moderniser l’économie. En surmontant ces défis, Madagascar pourrait non seulement rattraper son retard, mais aussi devenir un acteur clé dans le paysage numérique africain. La route est semée d’embûches, mais avec une vision claire et des actions concrètes, l’avenir numérique de Madagascar pourrait être prometteur.