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Antananarivo

des cercles de discussion pour lutter contre la propagation du VIH – gazety

À Madagascar, l’épidémie de VIH-sida prend des proportions alarmantes. Selon les estimations, 73 000 personnes vivent avec le virus sur la Grande Île, et en l’espace d’une décennie, les nouvelles infections ont triplé. Si aucune action significative n’est entreprise, jusqu’à un quart de la population malgache pourrait être infecté d’ici 2033, selon un modèle développé par deux épidémiologistes. Face à cette crise, des initiatives locales, comme celles de l’association Fifafi à Antananarivo, offrent un espoir et un soutien aux personnes touchées.

Les Groupes de Parole : Un Lieu de Libération

Au cœur d’Antananarivo, dans le quartier populaire de 67 hectares, l’association Fifafi organise des groupes de parole hebdomadaires. Ces rencontres rassemblent des personnes de tous âges et de tous horizons, créant un espace de partage et de soutien. Cynthia, 54 ans et travailleuse du sexe, témoigne : « Ici, il n’y a ni préjugés, ni stigmatisation. On se sent libres. » Ces groupes permettent aux participants de rompre l’isolement et de se sentir compris, tout en leur offrant des informations essentielles sur la vie avec le VIH.

Briser le Tabou : Éducation et Sensibilisation

L’un des principaux objectifs de l’association Fifafi est de briser le tabou qui entoure le VIH. À travers des discussions ouvertes, les participants apprennent à mieux comprendre leur condition. Étienne, l’un des fondateurs, souligne l’importance de ces échanges : « Le principal intérêt du groupe de parole est de faire comprendre aux séropositifs qu’ils ne sont pas seuls. » Les discussions portent sur des sujets variés, allant des possibilités d’enfanter aux bienfaits des traitements, en passant par des conseils nutritionnels adaptés.

De Victimes à Acteurs de la Prévention

Ces groupes de parole ne se contentent pas d’informer ; ils transforment également les participants en acteurs de la prévention. Étienne explique que la prise de conscience de leur statut séropositif incite les membres à adopter des comportements responsables. « Nous sommes conscients d’être séropositifs, donc il faut avoir les bons gestes de prévention pour ne pas transmettre aux autres », affirme-t-il. Cette approche proactive est cruciale dans la lutte contre la propagation du virus.

La Stigmatisation : Un Obstacle à la Protection

Malgré les efforts de sensibilisation, l’ignorance et la stigmatisation persistent. Johnson Firinga, directeur du réseau Mad’aids, souligne que le rejet social des personnes séropositives freine la lutte contre le VIH. « La peur d’être rejeté bloque aussi les gens à se protéger entre eux », déplore-t-il. Cette réalité souligne l’importance de créer un environnement où les personnes vivant avec le VIH se sentent en sécurité pour partager leur statut et accéder aux soins.

Un Espace de Réflexion Politique

Les groupes de parole ne sont pas seulement des lieux d’échange personnel ; ils servent également de plateforme pour des revendications politiques. Les participants discutent des enjeux liés à la prise en charge médicale, notamment pour les femmes enceintes séropositives. Ces discussions sont essentielles pour faire entendre la voix des personnes touchées par le VIH et pour plaider en faveur de politiques de santé plus inclusives et efficaces.

Conclusion : Un Avenir à Construire Ensemble

À Madagascar, la lutte contre le VIH-sida nécessite une mobilisation collective. Les initiatives comme celles de l’association Fifafi montrent que, malgré les défis, il est possible de créer des espaces de soutien et de solidarité. En brisant le tabou, en éduquant et en responsabilisant les personnes vivant avec le VIH, la société malgache peut espérer un avenir où chacun, indépendamment de son statut sérologique, peut vivre dignement et en toute sécurité. La route est encore longue, mais chaque pas compte dans ce combat pour la vie.

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