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Cinq idées reçues sur le mariage des enfants – gazety

« J’ai été mariée à 14 ans et j’ai perdu mon premier enfant à 16 ans pendant la grossesse », témoigne Ranu Chakma, une voix parmi tant d’autres qui soulignent la tragédie du mariage des enfants. Bien que cette pratique soit illégale et constitue une violation des droits humains, elle demeure courante dans des régions comme Teknaf Upazila, sur la côte sud du Bangladesh. Ce phénomène persiste malgré les efforts internationaux pour l’éradiquer, comme en Colombie, où une nouvelle loi a été adoptée récemment pour interdire le mariage des enfants.

Cinq idées reçues sur le mariage des enfants

Mythe 1 : Le mariage des enfants est toujours illégal

Il est vrai que de nombreux accords internationaux interdisent le mariage des enfants, notamment la Convention relative aux droits de l’enfant. Cependant, la réalité est plus complexe. Environ 640 millions de femmes et de filles dans le monde ont été mariées alors qu’elles étaient enfants, et de nouveaux mariages continuent de se produire chaque jour. Dans de nombreux pays, bien que le mariage des enfants soit interdit, des exceptions existent, souvent basées sur le consentement parental ou des traditions religieuses. De plus, beaucoup de ces mariages ne sont pas enregistrés, rendant difficile leur interdiction effective. Pour lutter contre cette pratique, il est essentiel de changer la perception sociale des filles et de promouvoir leur éducation.

Mythe 2 : Le mariage d’enfants est parfois nécessaire

Certaines personnes considèrent le mariage des enfants comme une solution à des problèmes économiques ou sociaux. Dans les crises humanitaires, par exemple, les parents peuvent penser que marier leur fille est une manière de garantir sa sécurité. Cependant, cette solution est illusoire. Le mariage des enfants expose les filles à des violences physiques et émotionnelles, et les complications liées à la grossesse sont l’une des principales causes de décès chez les adolescentes. Des initiatives comme celles menées à Madagascar montrent que la sensibilisation peut changer les mentalités. Nicolette, une jeune fille de 16 ans, a pris conscience de ses droits grâce à des séances d’information et souhaite désormais que toutes les filles de sa communauté soient informées.

Mythe 3 : Ce problème est en voie de disparition

Le mariage des enfants est souvent perçu comme un problème du passé, mais il reste une menace sérieuse. Bien que les taux de mariage d’enfants diminuent lentement, la croissance démographique dans les pays où ces mariages sont fréquents signifie que le nombre absolu de mariages d’enfants pourrait augmenter. Ce phénomène n’est pas limité aux pays en développement ; des cas de mariages d’enfants existent également dans des pays comme le Royaume-Uni et les États-Unis. Pour changer cette situation, il est crucial d’accélérer les actions visant à mettre fin à ces pratiques, notamment en responsabilisant les filles et en leur offrant des alternatives.

Mythe 4 : Il s’agit d’une question culturelle ou religieuse

Le mariage des enfants est souvent présenté comme une pratique culturelle ou religieuse, mais aucune grande tradition religieuse ne l’impose. Au contraire, de nombreux leaders religieux s’opposent fermement à cette pratique lorsqu’ils sont informés des conséquences néfastes. Des initiatives comme celles de l’UNFPA travaillent avec des chefs religieux pour sensibiliser et mettre fin au mariage des enfants. En Géorgie, par exemple, un imam a déclaré que l’éducation devait être la priorité avant de fonder une famille.

Mythe 5 : Cela n’arrive qu’aux filles

Bien que la majorité des mariages d’enfants concernent des filles, les garçons peuvent également être touchés. Environ 115 millions de garçons et d’hommes dans le monde ont été mariés avant l’âge de 18 ans. Cependant, les filles subissent des conséquences plus graves, notamment en matière de santé reproductive et d’éducation. Les programmes d’autonomisation des jeunes, comme ceux au Nicaragua, visent à informer tous les adolescents sur leurs droits fondamentaux, quel que soit leur sexe.

Conclusion

Le mariage des enfants est une pratique néfaste qui nécessite une attention urgente. Les causes profondes, telles que l’inégalité économique et l’accès limité à l’éducation, doivent être abordées pour éradiquer ce fléau. Les voix comme celles de Ranu Chakma et d’autres jeunes filles et garçons qui ont vécu cette réalité doivent être entendues. Il est essentiel de sensibiliser les communautés, d’éduquer les jeunes et de responsabiliser les filles pour qu’elles puissent réaliser leurs ambitions. Comme l’affirme Gabrielle Hosein, Directrice de l’Institut d’études sur le genre et le développement, « si nous avons aboli le mariage des enfants, nous n’avons pas aboli la masculinité prédatrice ». Les hommes et les garçons ont également un rôle crucial à jouer dans cette lutte pour l’égalité des sexes et la protection des droits des enfants.

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