La Banque mondiale a récemment présenté ses notes de conjoncture économique pour Madagascar lors d’un événement au Carlton Anosy. Ce rapport met en lumière une réalité préoccupante : bien que l’économie malgache montre des signes de reprise, la croissance reste insuffisante pour réduire significativement la pauvreté qui touche encore près de 70 % de la population. Cet article explore les défis économiques auxquels le pays est confronté et les réformes nécessaires pour améliorer les conditions de vie de ses citoyens.
Une Croissance Économique Insuffisante
Selon les données fournies par la Banque mondiale, la croissance économique de Madagascar devrait atteindre 4,2 % en 2024, avec une prévision moyenne de 4,7 % entre 2025 et 2027. Cette croissance est principalement soutenue par les secteurs du textile, des mines et des services. Cependant, elle ne parvient pas à bénéficier à l’ensemble de la population. En effet, près de 70 % des Malgaches vivent toujours sous le seuil de pauvreté international, fixé à 2,15 dollars par jour.
Le marché du travail est dominé par une agriculture à faible productivité, employant plus de 60 % des travailleurs. De plus, seulement la moitié des Malgaches en âge de travailler a un emploi, souvent précaire et informel. Atou Seck, responsable des opérations de la Banque mondiale pour Madagascar, souligne que la croissance actuelle, bien qu’encourageante, ne génère pas suffisamment d’emplois décents ni ne réduit durablement la pauvreté.
Les Obstacles à la Productivité
Malgré une augmentation des investissements privés, les exportations de Madagascar peinent à se redresser. Les recettes fiscales, limitées à 10,8 % du PIB, entravent la capacité du gouvernement à améliorer les services de base. L’accès au crédit, essentiel pour dynamiser les entreprises, reste également en deçà de la moyenne régionale. Sagita Muco, spécialiste principal du secteur privé, met en avant que le manque d’accès au financement constitue un frein majeur à la productivité des entreprises.
L’Appel à des Réformes Structurelles
La Banque mondiale insiste sur l’urgence de mettre en œuvre des réformes structurelles pour libérer le potentiel économique de Madagascar. En effet, le pays a enregistré un recul de sa productivité au cours des vingt dernières années, avec un PIB par travailleur en baisse de 0,2 % par an. Aujourd’hui, un travailleur malgache est trois fois moins productif que la moyenne en Afrique subsaharienne.
Les disparités entre entreprises sont également marquées : les 25 % les plus productives versent des salaires jusqu’à sept fois supérieurs à ceux des moins performantes. Fanjaniaina Prisca Mamitiana, spécialiste du développement du secteur privé, affirme que l’amélioration de la productivité des entreprises est essentielle pour renforcer la compétitivité, favoriser l’innovation et créer des emplois mieux rémunérés.
Les Défis à Surmonter
Les défis auxquels Madagascar doit faire face sont nombreux. Les infrastructures insuffisantes, les services publics peu fiables, les incertitudes politiques et l’inadéquation des compétences constituent autant d’obstacles à la croissance économique. Atou Seck insiste sur la nécessité de garantir une énergie fiable, des infrastructures efficaces et une meilleure connectivité pour surmonter ces défis.
Conclusion : Un Avenir à Construire
Pour améliorer les conditions de vie de la population malgache, la Banque mondiale recommande une accélération des réformes structurelles dans les secteurs stratégiques. Un renforcement de la gouvernance et une stabilité macroéconomique sont jugés essentiels pour assurer un développement durable. Les experts de la Banque mondiale concluent que sans ces réformes, Madagascar risque de rester piégé dans un cycle de pauvreté et de faible productivité.
L’avenir économique de Madagascar dépend donc de la capacité du pays à mettre en œuvre des changements significatifs et à libérer le potentiel de ses citoyens. Les défis sont nombreux, mais avec des réformes audacieuses et une volonté politique forte, Madagascar peut espérer un avenir meilleur pour tous ses habitants.