Introduction
Dans l’histoire tumultueuse de Madagascar, la lutte pour l’indépendance a été marquée par des figures charismatiques et déterminées. Parmi elles, Justin Bezara et Bezaka Alexis se distinguent comme des acteurs clés de la résistance anticoloniale durant la seconde moitié des années 1940 jusqu’à l’indépendance en 1960. Leur engagement, leur pragmatisme et leur capacité à séduire les « intellectuels côtiers » du Triangle du Nord ont laissé une empreinte indélébile sur la politique malgache.
L’ascension politique de Bezara et Alexis
La nomination de Justin Bezara et Bezaka Alexis au sein du gouvernement provisoire en 1957 a été un tournant décisif dans leur carrière politique. Leur participation active aux élections communales de 1956 et 1959 leur a permis de s’imposer comme des figures influentes dans leurs localités respectives, Antsiranana et Toamasina. En 1960, Madagascar obtient son indépendance, et ces deux leaders, croyant avoir accompli leur mission, se tournent vers le régime de Tsiranana. Ils fondent des associations politiques dans le but de rassembler le peuple autour d’un projet commun.
Destins divergents
Malgré leur succès initial, les trajectoires de Justin Bezara et Bezaka Alexis prennent des directions opposées. Alexis Bezaka, élu maire de Toamasina en 1958, connaît un parcours fulgurant, dirigeant la capitale Betsimisaraka pendant plus de deux décennies. En revanche, Justin Bezara, natif d’Andranofanjava, voit sa popularité décliner. À 64 ans, il se présente aux élections pour devenir député d’Antsiranana, mais ne récolte que 4 % des voix. Ce revers marque la fin d’une ère pour un homme qui a joué un rôle crucial dans l’histoire de sa province. Vieillissant et délaissé par ses concitoyens, il se retire progressivement de la scène politique jusqu’à sa mort le 16 février 1968.
La fin d’une époque
La disparition de Justin Bezara symbolise la fin d’une époque. Ses contemporains, ces intellectuels qui avaient autrefois façonné le paysage politique, se retrouvent démunis, incapables de s’adapter aux nouvelles réalités. La vie politique malgache a pris une tournure différente, et les jeunes générations commencent à prendre le relais. Cependant, cette transition ne se fait pas sans heurts. Les anciens leaders, jaloux de leurs connaissances, semblent réticents à transmettre le flambeau, ce qui contribue à la désunion au sein des élites du Triangle du Nord.
La montée des nouvelles élites
Les villes de Diego et Tamatave, qui avaient été des bastions de la lutte anticoloniale, voient leurs élites locales se référer de plus en plus aux figures historiques. Les jeunes, en quête de modèles, se tournent vers le Parti Social-démocrate (PSD), perçu comme le garant de l’espoir et de l’ascension sociale. La perception de l’indépendance, octroyée par la France, est alors marquée par une vision élitiste, où les côtiers se voient comme les véritables héritiers du pouvoir.
L’héritage de Bezara et Alexis
L’héritage de Justin Bezara et Bezaka Alexis est complexe. Bien qu’ils aient été des figures emblématiques de la lutte pour l’indépendance, leur mémoire semble s’effacer avec le temps. La génération actuelle, peu familière avec leurs contributions, les a largement oubliés. Ce constat soulève des questions sur la transmission de la mémoire historique et l’importance de reconnaître les figures qui ont façonné le pays.
Conclusion
Justin Bezara et Bezaka Alexis ont été des pionniers de la lutte anticoloniale à Madagascar, incarnant l’espoir d’un peuple en quête de liberté. Leur parcours, marqué par des succès et des échecs, témoigne des défis auxquels sont confrontés les leaders politiques dans un contexte en constante évolution. Alors que la génération actuelle semble les avoir oubliés, il est essentiel de raviver leur mémoire et de reconnaître leur contribution à l’histoire de Madagascar. L’héritage de ces hommes forts doit perdurer, non seulement comme un hommage à leur lutte, mais aussi comme une source d’inspiration pour les futures générations.